ITW Laure Cadoret – Part 1 (Bourges) : « La victoire en Eurocup en 2016 était top »

Le 13 juin dernier, c’était au tour de Laure Cadoret de s’entretenir pour B-Rise par téléphone. Rejoignant Bourges en janvier 2016, cette femme de l’ombre, passionnée de sport nous a parlés longuement de son travail au sein du club historique du championnat de France de Ligue Féminine de Basket. Première partie.

B-Rise : Bonjour Laure. Je démarre par ma première question habituelle. Comment avez-vous découvert le basket ?

Laure Cadoret : J’ai commencé par le foot quand j’avais 16 ans. Devant faire un stage en BTS, je voulais aller au foot à Carquefou. Puis il y avait une offre au Lille Métropole Basket. Dans la même période, je travaillais au Vannes Olympique Club le weekend. J’ai rencontré le président de l’UJAP Quimper qui m’a invité à un match. Et c’est ainsi que j’ai découvert le basket.

B-Rise : Qu’en est-il de la pratique du basket ?

LC : Je n’ai pas du tout joué au basket.

B-Rise : Comment vous est venu l’idée de travailler pour un club de sport professionnel ? L’envie s’est-elle installée très vite ou avez-vous pris le temps de réfléchir à votre avenir professionnel ?

LC : Travailler dans un club de sport, ça m’est venu très vite. Quand j’étais au collège, j’avais fait un stage au FC Lorient. Tout de suite, à 14 ans, c’est vers cette voie que je voulais me tourner : travailler au développement d’un club. J’étais vraiment sûre de mon choix. Le choix du sport restait à définir.

B-Rise : Vous aviez en tête un poste en particulier ?

LC : Pas du tout. Je ne connaissais pas tous les postes. Aujourd’hui, il existe de nouveaux postes notamment sur les réseaux sociaux. J’aime particulièrement la billetterie.

B-Rise : Vous êtes arrivée à Bourges en janvier 2016. Comment s’est présentée cette opportunité de travailler dans ce club du Berry ?

LC : Avant, j’étais à Paris. J’étais auto-entrepreneur dans le développement des structures sportives. Je travaillais pour deux structures. J’avais envie de retrouver un club car ca me manquait un peu. Il y avait une offre de poste à Bourges pour être responsable commercial. J’y avais postulé sans grande conviction car ce n’était pas trop mon domaine. En voyant mon CV, ils m’ont appelé en me disant qu’on va ouvrir un poste sur quelque chose de plus événementielle. On s’est rencontré puis le poste de responsable billetterie et animation a été crée.

B-Rise : Vous êtes donc responsable billetterie et animation. Vous gérez les aspects entertainment, marketing. Pouvez-vous m’expliquer en quoi consistent vos différentes missions ?

LC : Je m’occupe de l’événementiel et de la billetterie. La billetterie concerne tout ce qui est billetterie grand public, abonnement, formule, mini-abonnement, comité d’entreprise, groupes. C’est toutes ces parties dont je m’occupe. Quant à l’événementiel, c’est les animations pendant les matchs et hors matchs, avec l’équipe en dehors du sportif : voir un spectacle avec les joueuses dans les points relais jeunesse, aller initier au basket dans les collèges etc… 

B-Rise : Quels types d’animations avez-vous proposé depuis votre arrivée ?

Laure Cadoret (c) Gael Brault

LC : On a mis en place un groupe de pom-pom girls. Il y a eu des battles de hip-hop. Deux chanteurs sont venus. Il y a eu des jeux. On a fait venir un DJ qui vient maintenant pour plusieurs matchs, des fanfares aussi. Il y a eu de la danse type salsa, de la danse américaine. On ne peut pas aujourd’hui développer des animations avec le cube car on n’a pas de caméras sur le cube central. On ne peut pas faire de kiss cam. On a fait des jeux où les gens dansent et peuvent gagner une pizza.

B-Rise : J’imagine qu’avec toutes ces animations, il y a un budget à respecter. A combien celui-ci se chiffre ?

LC : Pour les animations, la première année lorsque je suis arrivée, il y avait 0 euro de budget. J’ai donc dû tout trouver gratuitement. On a eu des beaux spectacles sans dépenser d’argent. On a fait venir un beau cabaret. Cela s’est fait sous forme d’échanges. En contrepartie, on fait de la communication. Cette année, j’avais un peu de budget mais cela ne reste vraiment pas élevé. C’est maximum 250 euros par match.

B-Rise : Concernant la partie marketing, vous occupez-vous de tout ce qui est partenariat ?

LC : Je m’occupe de la mise en place et du suivi d’une partie des prestations partenaires. On a une commerciale qui s’occupe uniquement des partenariats, de la signature des contrats. Quand un partenaire achète une animation, je m’occupe de celui-ci avec lui.

B-Rise : Vous m’avez dressé la liste des animations. Quelle est la plus belle des animations ?

LC : La battle de hip hop avait très bien marché et le cabaret était une belle animation. Le cirque de Bourges nous a fait un numéro spécial basket. Ce sont trois grosses animations qui étaient sympas. On a pu faire avec le cabaret des spectacles dans les VIP après les matchs, ce qui a donné une autre bonne dimension.

B-Rise : Et celle la moins attendue, la plus insolite ?

LC : Le jeu pour danser et gagner des pizzas. Ca a un peu surpris car ca ne se faisait pas avant. Les gens ont plutôt bien joué le jeu. Même nous, étions étonnés. C’était sympa, ca marche vraiment bien.

B-Rise : Concernant la vente des billets pour chaque match de Bourges, quelle est le rythme de vente ? Cela se vend t-il vite ?

LC : On a eu quelques matchs à guichets fermés. Avec la nouvelle salle, la capacité d’accueil a augmenté de plus de 2000 places, ce qui n’est pas rien. Le nombre d’abonnés a augmenté. Cette saison, sportivement, on a senti une petite baisse de régime. On essaie pour l’année prochaine de proposer des prestations hors du sportif afin d’attirer un autre public au Prado.

B-Rise : Vous parlez d’une hausse des abonnés. A combien ce chiffre s’élève d’une année sur l’autre ?

LC : Depuis qu’on est dans le nouveau Prado, ca doit faire plus de 25%.

B-Rise : Concernant la vente des billets, est-elle différente selon le type de compétitions : match de LFB et d’Euroligue/Eurocup ?

LC : Oui on n’a pas du tout le même public pour les matchs en semaine et ceux du weekend. Le weekend, on attire plus de familles. Le mercredi, on a plus de passionnés, des gens qui connaissent le basket.

B-Rise : Les tarifs sont différents selon la compétition ?

LC : Oui. On a des tarifs légèrement plus élevés sur l’Euroligue et l’Eurocup. Ce sont de gros matchs.

B-Rise : Et quels sont les prix des places ?

LC : Pour les matchs de LFB, cela va de 8 à 16 euros pour un tarif plein adulte. En Euroligue, c’est de 8 à 20 euros. On a aussi les matchs de gala qui oscillent entre 10 et 26 euros.

B-Rise : Les supporters qui se déplacement pour voir les matchs ont la possibilité d’acheter les produits dérivés du club de Bourges. J’imagine qu’il y a des stands dédiés à cela dans l’enceinte du Prado. Qu’en est-il des ventes de produits dérivés ? Peut-on mesurer les achats effectués ?

LC : On a deux boutiques au Prado tenues par des bénévoles uniquement. Au niveau des ventes, par rapport à ce que j’ai connu dans d’autres clubs, c’est vraiment bien. Les maillots se vendent bien. Certains articles se vendent plus rapidement que d’autres : écharpes, chèches (foulards). Les boutiques marchent pas mal, les bénévoles sont disponibles.

Boutique au Prado (c) Gael Brault

B-Rise : Vous avez évoqué le Prado. A titre personnel, comment avez-vous perçu l’ambiance ? Avez-vous découvert une que vous n’aviez jamais vécu auparavant ?

LC : (Rires). C’est une vraie question. On est plutôt sur quelque chose de calme. On n’est pas dans le Nord. Ce n’est pas Saint-Quentin, Le Portel. C’est un public qui est plutôt spectateur. Quand ca gagne, on peut sentir que ça peut partir, se lâcher. Mais c’est un peu difficile.

B-Rise : Même si c’est un club historique qui a gagné beaucoup de titres, peut-on s’attendre à mieux pour l’ambiance ?

LC : Oui. Comme le club a glané beaucoup de titres, on est face à un public exigeant au niveau du basket et du jeu. Dès que c’est un peu moins bien, ca plait moins aux gens forcément. Ils sont habitués à avoir des titres, à gagner.

B-Rise : Depuis votre arrivée au club, avez-vous senti cette ferveur autour du basket à Bourges de par son passé et qui continue à être au top niveau ?

LC : On l’a ressenti surtout l’année dernière avec l’Eurocup. Les gens se sont vraiment rassemblés pour supporter l’équipe. Il y a eu également la victoire en Coupe de France. Pas mal de supporters avaient fait le déplacement à Bercy. La ferveur, on la voit dans les grandes finales notamment.

Supporters de Bourges (c) Gael Brault

B-Rise : Quel est le moment le plus fort que vous avez vécu sportivement ?

LC : La victoire en Eurocup l’année dernière était top. On a joué à guichets fermés. Il y avait plus de 5000 personnes dans la salle. Une vraie ferveur a poussé l’équipe en finale. Cette victoire a fait du bien surtout avant le départ de Céline Dumerc. Les gens avaient envie de voir la meneuse de gagner un dernier titre.

B-Rise : Et le moment le plus fort professionnellement ?

LC : Ca va avec la réponse précédente, c’est lorsqu’on arrive à remplir la salle du Prado. C’est agréable. C’est un challenge intéressant. Il y a aussi les rencontres. Lorsqu’on va rencontrer les élèves dans les collèges pour faire des initiations au basket, des échanges en anglais, ce sont des moments importants, sympas qui sortent du cadre sportif. Les joueuses, les élèves et les professeurs ont retenu ces moments forts.

B-Rise : Travaillant au quotidien dans ce club de Bourges, peut-on dire que vous êtes devenu une supportrice de cette équipe depuis votre arrivée ?

LC : Je dirais que c’est difficile de pas être supporter quand on fait partie du club. Dans tous les clubs où j’ai été, on a forcément une sensibilité pour son équipe. Surtout à Bourges car on est proche de l’équipe. Cette proximité est importante. Ce qui nous donne plus envie de nous « déchirer » pour remplir le Prado.

B-Rise : Je reviens sur votre travail à Bourges. Quelles ont été les missions les plus compliquées à gérer dans ce club ? Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ?

LC : C’est le remplissage de la salle. On a eu des matchs à guichets fermés puis d’autres où il y a eu moins de monde. C’est dur de savoir à l’avance le nombre de personnes qu’on va avoir sur un match. C’est aussi le cas pour savoir comment attirer le public, ce que lui a envie de voir au-delà du sportif. Est-ce qu’il vient voir juste le match ? Il faut réussir autant à satisfaire les gens présents depuis longtemps que les jeunes qui viennent au Prado. C’est ça le plus difficile.

Retrouvez le 17 juillet prochain, la seconde partie de cet entretien. Laure Cadoret s’est penché notamment sur ses autres expériences notamment dans d’autres clubs de basket et a livré ses conseils pour bosser comme elle dans un club de sport professionnel.

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