Tariq-Abdul Wahad : l’ascension du “Flying Frenchman” de San José State
Tariq-Abdul Wahad s’était distingué dans le championnat universitaire. A son arrivée en 1995 à San José State, le natif de Maisons-Alfort a rayonné au sein de l’effectif des Spartans en NCAA après un passage à Michigan. Précisions sur la carrière en fac outre-Atlantique de celui qui a été devenu le premier français à jouer en NBA.
Pendant deux ans, à l’université du Michigan, il a côtoyé les membres du Fab Five (Juwan Howard, Jalen Rose, Chris Webber, Ray Jackson et Jimmy King). L’ex-international tricolore (45 sélections entre 98 et 2003) Tariq Abdul-Wahad quitta les Wolverines pour s’installer à San José State en Californie en 1995. Formé à l’ALM Evreux pendant trois ans de 1990 à 1993, l’ailier rejoigna alors Keith Moss, cet assistant coach qu’il avait connu à Michigan.
Le 20 décembre 1995, il fait rebondir ses premiers ballons en portant son nouveau maillot universitaire sous les ordres du coach Stan Morrison. Hasard ou non, avec le français dans l’équipe, les Spartans de San José obtenaient leur première victoire de la saison face à Portland : succès sur le score de 87 à 79 après avoir perdu les six premiers matchs. Après cette première victoire, la fac californienne était rester bloquer à moins de 68 points lors de cette saison 1995-1996.
En quittant la célèbre fac de Michigan pour une plus modeste, Abdul-Wahad donnait les raisons de son départ pour la fac californienne : « A San José State, les dirigeants m’ont pris pour un martien. Un mec qui quitte Michigan pour venir chez eux, ça paraissait tellement incroyable… Ils ne pouvaient pas m’offrir de bourse. J’ai bossé pour payer mes études. J’ai demandé de l’aide à des proches comme Philippe Restout, vice-président de la Fédération et par ailleurs médecin de famille. Il m’avait connu quand j’apprenais à marcher. C’était un peu mon père spirituel. Il m’a envoyé un chèque. Il me fallait justifier cette confiance. Je ne me suis jamais entraîné aussi dur. J’ai tellement travaillé que je suis devenu un prédateur » (source : Mondial Basket)
Prénommée encore à cette époque Olivier Saint-Jean avant sa reconversion à l’Islam, la nouvelle recrue des Spartans est clairement l’option numéro 1 en attaque de son équipe. Son temps de jeu double considérablement par rapport aux saisons chez les Wolverines du Michigan (de 13 à 28 minutes). En disputant 25 des 30 rencontres disputées toutes compétitions confondues, Tariq Abdul-Wahad présenta des stats moyennes significatives. Son rendement sur le terrain est complètement différente que celui à Michigan :
- Michigan – 1993-1994 : 3,6 points; 2,3 rebonds et 0,5 passe en 32 matchs
- Michigan – 1994-1995 : 4,8 points; 3,3 rebonds en 4 matchs
- San José State – 1995-1996 : 17,2 points; 6,3 rebonds et 2,6 passes en 25 matchs
Tariq Abdul-Wahad fut surnommée « The Flying Frenchman » par le journaliste sportif au quotidien de San José, The Mercury News, Ron Bergman. Grâce à son efficacité en attaque, les Spartans remportaient 6 de leurs 7 derniers matchs de saison régulière. Ces victoires leur ont permis d’obtenir le sixième et dernier spot qualificatif pour le tournoi de la Big West Conference (division dans laquelle évolue San José).
A 22 ans, Abdul-Wahad avait dominé cette finale de la Big West Conférence devant 3869 spectateurs à la Lawlor Events Center dans le Nevada. Au terme d’un match étriqué remporté après prolongation contre Utah State (76-75), l’ailier a été nommé MVP puis dans la première équipe type de la Big West Conference. San Jose décrocha son second titre dans ce tournoi après son triomphe en 1980.
Les Spartans avaient la tête concentrée sur la phase finale du tournoi NCAA 1996, une première depuis 16 ans pour cette université. Il ne s’agit que de la troisième participation à la March Madness pour la fac de Californie après 1951 (éliminé lors du Sweet 16), et en 1980 (éliminé lors du premier tour). Lors de l’édition 1996, San José affronta les Wildcats de Kentucky le 14 mars (Walter Mccarty, Antoine Walker, Tony Delk, Derek Anderson, Mark Pope, Ron Mercer).
Après avoir fait bousculé en première mi-temps leur adversaire (-6, 47-41 en faveur des Wildcats), les coéquipiers de Abdul-Wahad ont pris une correction au retour des vestiaires. Ils marquent 31 points alors que Kentucky en claque plus du double : 63. Sortez les calculatrices, les Spartans ont été écrasés par les futurs champions NCAA 1996 : 110-72. Tariq Abdul-Wahad a réalisé une bonne prestation avec au compteur 18 points à 8/15 aux tirs et 7 rebonds.
Le bilan de San José lors de la saison 1995-1996 est sous les 50 % avec 13 succès et 17 défaites. Abdul-Wahad conclut une excellente première année avec les Spartans.
1996-1997 : PROGRESSION ET DISTINCTION
L’année suivante, en 1996-1997, c’est la saison magnifiquement aboutie pour Tariq Abdul-Wahad. Le français se sublime sur le terrain. En 26 matchs, l’ailier assure avec des moyennes de 23,8 points (49,2 % aux tirs, 36,6 % à 3-points et 73 % aux lancers-francs), 8,8 rebonds et 1,1 passe. Le 22 février 1997, il claque 35 points face à Wyoming lors de la victoire des Spartans 67-62, inscrivant alors plus de la moitié des points de sa fac. Il fait partie alors des 10 meilleurs marqueurs du championnat universitaire toutes facs confondues.
Cette saison-là, les Spartans sont intégrés à la conférence Western Athletic (WAC). Lors du tournoi de cette conférence, ils se font écrabouillés sévèrement : défaite 103-70. En mars 1997, il devient le 12ème joueur de l’histoire des Spartans à atteindre la barre des 1000 points inscrits en carrière universitaire.
La fac de San José lui rendra un magnifique hommage en retirant son maillot avec son nom de naissance Olivier Saint-Jean : le numéro 3. C’est le deuxième joueur de l’histoire de San José à être honoré de cette manière après celui de Ricky Berry, ex-numéro 34 de San José de 1985 à 1988. Quelques années plus tard, en 2009, Abdul-Wahad valida son diplôme avec un master en histoire de l’art au sein de cette fac.
KEITH MOSS : « DANS DEUX ANS, JE TE METS EN NBA »
A la suite d’un entretien avec Keith Moss, ce dernier évoqua avec Abdul-Wahad la possibilité de effectuer une carrière en NBA aprèa son cursus universitaire comme le racontait le Français dans Mondial Basket : « San José State était tellement faible qu’il (Keith Moss) n’a pas osé me suggérer d’y aller. Je lui ai dit : ‘Je vais venir à San José State, bosser avec toi, progresser comme je le souhaite’. Il m’a répondu : ‘Ecoute, si tu prends ce pari, dans deux ans, je te mets en NBA’.
Après sa quatrième année universitaire, la deuxième avec les Spartans, Abdul-Wahad est sélectionné en 11ème position de la draft en 1997 par les Sacramento Kings. Il devient le 12èmejoueur de San José State à être drafté par une franchise NBA, le troisième au premier tour après Ricky Berry en 1988 et Darnell Hillman en 1971.
UNE AFFECTION POUR LA CALIFORNIE ET SAN JOSE
Après sa carrière NBA marquée par des épisodes de blessures, “Le Flying Frenchman” se tourna vers une autre dans le coaching. Un avenir qui semblait tout tracé selon Bill Mclintock. En janvier 2013, cet autre assistant des Spartans se souvenait de l’aura de Tariq Abdul-Wahad régnante au sein de l’équipe cette saison : « Il nous a portés, il aimait le jeu. C’était une personne qui étudiait le jeu. Ce sont des types qui finissent par s’impliquer dans le coaching. Ce qu’il fait maintenant, il le fait pour l’amour du jeu ». (source : the mercury news)
Le 21 juillet 2011, l’ex-ailier devenait alors assistant de l’équipe féminine de California State Monterrey Bay en deuxième division NCAA, travaillant alors avec l’entraîneur principal Renee Jimenez.
L’ex-ailier ne s’éternisera pas à coacher les filles et recherchait un autre poste. C’est alors que Kevin Collins, directeur de la Lincoln High School reçut un message vocal de l’ex-joueur français. Selon The Mercury News, le directeur cherchait à savoir qui était Tariq Abdul Wahad. Il a su alors que ce dernier avait évolué en NCAA et NBA et changé de nom.
Surpris d’une telle sollicitation, Collins s’est entretenu avec l’ancien ailier de San José qui lui fit part juste de sa volonté de coacher. Selon les médias américains, Abdul-Wahad faisait partie des 12 candidats pour occuper le poste. En ayant remis une lettre de recommandation de Doc Rivers, le Français deviendra alors le head coach de la Lincoln High School en 2012, un poste qu’il occupe toujours actuellement.