Tim Duncan, le Demon Deacon phénoménal de Wake Forest (1993-1997)
De son arrivée jusqu’à son départ de la fac de Wake Forest, Tim Duncan s’est parfaitement illustré au sein de l’équipe universitaire des Demon Deacons. Retour sur ses 4 années NCAA au cours desquelles il a régné dans la raquette.
Passionné de natation, le natif de Christiansted dans les Iles Vierges, élargira ses connaissances du basketball grâce à son beau-frère Ricky Lowery, le mari de sa sœur Cheryl. Il développera et répétera ses gammes en jouant pour l’équipe lycéenne de St Dunstan à Saint Croix aux Iles Vierges. Coach de Wake Forest, la fac de Winston Salem en Caroline du Nord, Dave Odom échange avec Chris King, un de ses anciens joueurs universitaires (1988-1992).
CHRIS KING LE RECOMMANDA A DAVE ODOM
Ce dernier préconise à Odom de scruter Duncan, dont le profil est intéressant pour l’équipe de Wake Forest qui souhaite se renforcer dans le secteur intérieur. Curieux, Odom demande à King sur quelle île vit Duncan. Suite à une discussion avec son assistant Larry Davis, Odom se rend à Saint-Croix pour voir ce que vaut Duncan sur un terrain extérieur un dimanche après-midi.
Rookie aux Seattle Supersonics en 1992-1993, Chris King est présent sur ce terrain, participant à un 5 contre 5 en présence de joueurs NBA dont Alonzo Mourning. Duncan, 16 ans, ce jour-là, démontre qu’il sait manier le ballon devant les yeux d’Odom. Timmy domine « Zo ». King était impressionné par le jeune gamin des Iles Vierges : « Vous pouviez voir qu’il était vif, vous pouviez voir qu’il avait du toucher ». Jump hook, fade, ce gars jouait. Jamais je l’oublierais, Tim contrait des tirs, courait sur le terrain comme un cerf. Il jouait face à Alonzo Mourning. Il avait 16 ans. Il dominait Mourning. Il courait sur le terrain. Il avait de bonnes mains. J’étais là me disant ‘Oh mon dieu , ce gamin peut jouer‘. (www.washingtonpost.com)
« Jamais je ne l’aurais deviné, il était bien élevé. Il n’était pas si émotif. Je me souviens, en me disant « je ne sais pas si ce gamin a le courage d’aller en NBA. Je crois qu’avec le bon coach, le bon programme, qu’il pourrait être un très bon joueur universitaire », expliqua King.
Courtisé par les écuries NCAA, Wake Forest fait partie des équipes dans la short list de Tim Duncan pour évoluer dans le championnat universitaire. Il indique à Odom sa décision au printemps 1993, à la fin de son année senior au lycée. Odom prit son mal en patience et apprend que Duncan rejoindra bel et bien les rangs des Demon Deacons, déclinant les offres de trois autres universités : Delaware, Hartford et Providence. L’ailier conclut sa dernière année de lycée avec des moyennes monstrueuses : 25 points, 12 rebonds et 5 contres. En jouant plusieurs matchs à Saint-Croix avec les NBA players, Odom était impressionné par le niveau affiché de Duncan, suffisant alors pour lui octroyer une bourse d’étude. Direction Winstom Salem pour « TD ».
WINSTOM SALEM DECOUVRE LE MAIGRE INTERIEUR
A l’été 1993, Timmy débarque en Caroline du Nord pour améliorer son basket, progresser mais aussi étudier la psychologie, l’anthropologie et la littérature chinoise. A cette période, Wake Forest doit faire face au départ de Rodney Rogers, parti se présenter à la draft, Duncan le remplaçant alors numériquement. A peine arriver, l’ailier-fort est lancé dans le grand bain NCAA et joue rapidement en tant que titulaire, une place qu’il prendra en raison de l’exclusion de Makthar N’Diaye, qui a enfreint les règles NCAA. Un nouveau duo se forme avec Randolph Childress, meneur qui effectue son année junior (= sa troisième année).
Eliminé au second tour de la March Madness, Wake Forest finit la saison avec un record de 20 victoires et 11 défaites dont des succès retentissants face à des facs historiques comme Duke ou North Carolina. Duncan signe une première saison universitaire convaincante, au bord du double-double de moyenne : 9,8 points, 9,6 rebonds et 0,9 passe. Il aurait bien pu dépasser les 10 points et 10 rebonds de moyenne sans un démarrage poussif lors de sa première année sous le maillot des Demon Deacons.
Pour ses premiers débuts dans la planète NCAA, Duncan était timoré, très hésitant à prendre des shoots. Lors de son premier match universitaire, face à Alaska, il ne marque aucun point, alors qu’au lycée, il se montra extrêmement adroit, à son aise sur le plan offensif. Mais petit à petit, il commence à dévoiler ses atouts en attaque face à ses vis-à-vis, exposant ses moves et s’écartant du cercle avec un shoot extérieur qui fonctionne. Il nous sort son fameux « bank shot » (shoot contre la planche) qu’il reproduira quelques années plus tard avec le maillot des San Antonio Spurs. Inarretable, ce tir s’avère une menace pour les défenses adverses.
DUNCAN ECLOT
Lors de sa deuxième année universitaire en 94-95, Duncan devient alors un véritable poison pour les défenses NCAA. Enfin une belle mise en route, le scoreur se révèle redoutable, devenant une machine à marquer. Dans la conférence ACC, zone dans laquelle évolue Wake Forest, il s’offre des duels face à Joe Smith (Maryland), Jerry Stackhouse, ou encore Rasheed Wallace. Face au « Sheed » et les Tar Heels de North Carolina, il délivre une belle prestation avec 25 points lors d’un succès 79-70, réussissant à limiter Wallace à 4 points.
Suite à cette rencontre, Jerry West estimait que Duncan pouvait faire partie des joueurs bien classés à la draft 1995 si l’ailier décidait de s’y présenter et de quitter Wake Forest. Mais le plan de Duncan est clair : poursuivre l’aventure NCAA et envisager indubitablement d’obtenir ses diplômes. La NBA avait mis en place un salary cap en 1996 pour les rookies, une manière d’attirer les jeunes joueurs dans la Grande Ligue et de lâcher l’université.
Lors du tournoi ACC 1995, Tar Heels et Demon Deacons se retrouvaient en finale au terme d’un match haletant le 12 mars 1995. Wake Forest s’imposa de deux unités après prolongation grâce un shoot crucial de Childress rentré dans le cercle à 4 secondes de la fin du match : 82-80. Duncan parvenait une fois de plus à dominer Rasheed Wallace en prenant 20 rebonds.
Lors de la March Madness 1995, le 24 mars, Wake Forest atteint le Sweet 16 (demi-finale régionale) et affrontait Oklahoma State à ce stade de la compétition. Malgré l’excellent travail de Duncan, auteur de 12 points et surtout 22 rebonds et 8 contres face à Bryant Reeves, futur joueur des Grizzlies, les Demon Deacons s’inclinaient de 5 points : 71-66. La progression de Duncan est flamboyante, au terme de sa deuxième année NCAA. Cette fois-ci, il enregistre bel et bien son double-double de moyenne : 16,8 points et 12,5 rebonds en 32 matchs. Il devient le troisième meilleur contreur de l’histoire NCAA avec une moyenne de 3,98 par match depuis son arrivée en NCAA. En 94-95, il signe 4,2 blocks par rencontre.
La saison suivante (95-96), Wake Forest doit aborder celle-ci sans Randolph Childress, diplômé et parti en NBA. Le leadership repose désormais sur Tim Duncan. Les hommes d’Odom réussissent une excellente saison : 20 victoires en 25 matchs de saison régulière, un succès supplémentaire au tournoi ACC (victoire 75-74 au Greensboro Coliseum face à Georgia Tech). Duncan signe un double-double gigantesque en finale de cette compétition: 27 points, 22 rebonds.
Lors de la March Madness 1996, Wake Forest a la possibilité de se hisser au Final Four. Mais en finale régionale Midwest à Minnéapolis, le 23 mars 1996, Kentucky, leur adversaire, asphyxie les Demon Deacons et notamment Duncan, complètement musèle par une prise à trois (un choix défensif ordonné par Rick Pitino, coach des Wildcats) Défaite 83-63.
JOUEUR DE L’ANNEE ACC 95-96
A la fin de la saison 95-96, nommé parmi les défenseurs de la saison, Tim Duncan reçoit le titre honorifique de joueur ACC de l’année pour la première fois, affichant un nouveau-double-double de moyenne : 19,1 points, 12,3 rebonds et 3,8 contres en 32 rencontres. Elu meilleur joueur de l’année de la conférence ACC, en 1996, il est le premier joueur de cette conférence à être leader dans 4 catégories statistiques : points, rebonds, contres et pourcentage de tirs.
Suite à ses belles moyennes statistiques, tous veulent savoir si Duncan se présentera à la draft 1996. Le coach Odom, le saura rapidement. Il convoque son ailier titulaire dans son bureau, avec deux communiqués de presse en sa possession : l’un annonçant qu’il jouera sa quatrième saison avec sa fac, l’autre indiquant son inscription à la draft. Duncan, ricane, et révèle à Odom qu’il va bien rester en Caroline du Nord. Il devient alors joueur senior à Wake Forest.
MEILLEUR JOUEUR DE FAC EN 1997
En 96-97, Duncan voit l’arrivée de Loren Woods à Wake Forest. Les deux joueurs forment un nouveau duo d’intérieur. L’équipe remporte ses 13 premiers matchs. Duncan conclut sa saison senior avec encore une formidable ligne de stats : 20,8 points (60,6 % aux tirs), 14,7 rebonds et une amélioration dans la moyenne de passes (3,2 ballons décisifs). Meilleur rebondeur de tout le championnat NCAA, il obtient le John Wooden Award, récompense pour le joueur ayant la meilleure évaluation selon les votes de journalistes et présentateurs sportifs américains. Il est surtout, et il le mérite, élu meilleur joueur universitaire de l’année 97.
Après 4 ans de fac, Duncan a disputé 128 matchs pour un bilan de 97 succès et 31 revers avec les Demon Deacons, finissant meilleur rebondeur de l’histoire de la NCAA (jusqu’à l’émergence de Kenneth Faried qui bat son record avec Morehead State). Il fait partie des 10 joueurs à avoir inscrit en NCAA plus de 2000 points et pris 1500 rebonds. Il est le premier joueur à aligner au moins 1500 points, 1000 rebonds, 400 contres et 200 passes. C’est le meilleur contreur de la conférence ACC avec un total de 481 tirs repoussés. Il est élu une fois de plus meilleur joueur ACC de la saison 96-97.
HOMMAGE A LA CARRIERE DE TIM
Duncan est enfin et désormais déclaré éligible à la draft 1997. Il devient le premier choix de draft de cette année, San Antonio le recrutant en première position. 19 années plus tard, TD se retire des parquets avec un total de 5 titres NBA dont le dernier en 2014. Wake Forest a tenu à lui rendre hommage pour tous ses efforts accomplis dans ce sport sur Twitter. Le message de Randolph Childress, son ex-coéquipier, est rempli d’émotion le jour où Timmy a officiellement déclaré sa retraite professionnelle :
« Ce n’est pas un triste jour. Mais un jour pour célébrer sa géniale carrière et tout ce qu’il a accompli. Je l’ai bien connu pendant longtemps, en étant un de ses coéquipiers. C’est un grand ami, un grand homme qui a eu une des plus belles carrières de tous les temps. J’ai lu aujourd’hui qu’il avait le plus fort pourcentage de victoires que quiconque. C’est juste Timmy. Je suis fier qu’il parte de cette manière, sans fanfare, sans Twitter ni conférence de presse, juste en se disant « je l’ai fait ». C’est Tim. Je l’ai connu quand il était ce maigre gamin que personne ne connaissait et maintenant il est l’un des meilleures athlètes dans le monde. Je suis juste fier de lui et content. Je lui souhaite le meilleur ». (source : Twitter Wake Basketball, 11 juillet 2016)
Dave Odom a lui tenu à mettre en lumière une des particularités de Tim Duncan qu’il a eu sous son aile pendant 4 saisons à Wake Forest : « Plein de choses me viennent à l’esprit. Je pense à plus que tout à son niveau de régularité. C’était son haut niveau de régularité et la façon dont il abordait les matchs de basket qui étaient quelque chose. Plus encore, c’est sa façon d’aborder la vie. Il a compris que le basket était une partie de sa vie mais pas toute sa vie ».
Le 26 février 1997, son numéro 21 fut retiré par Wake Forest après que les Demon Deacons aient battu largement à domicile Georgia Tech (71-55). Ce jour-là, l’intérieur avait joué devant le regard de son père, celui de ses sœurs ainsi que le gouverneur des Iles Vierges. Tim avait brillé devant sa famille et les fans de l’université en frôlant le triple-double : 10 points, 12 rebonds et 9 passes. Duncan et Wake Forest, c’est toute une relation incassable.
La carrière universitaire de Tim Duncan en images