Pro A : Antoine Rigaudeau secoue la défense de Gravelines, 47 points en janvier 1993

Ancien meneur de l’équipe de France, Antoine Rigaudeau a fait une démonstration de shoots le 23 janvier 1993 avec le maillot rouge et blanc de Cholet. D’une adresse euphorique, le roi score 47 points dans le championnat de France. Sa victime : Gravelines. Malgré un match fantastique, son équipe perd après une double prolongation. Précisions de sa folle prestation.

Cholet Basket (CB) se déplaçait à Gravelines au Sportica devant 4000 spectateurs pour y affronter le BCM dans un duel de haut de tableau. Le public qui avait effectué le déplacement n’aura pas été déçu de ce match, surtout pour les supporters choletais, incontestablement séduits par la performance d’un jeune joueur français, natif de Cholet.

Effectivement, avec 47 points à 15/21 aux tirs dont 14/16 à 2-points, 16/18 aux lancers-francs, 6 rebonds et 3 passes en 47 minutes passées sur le parquet, Antoine Rigaudeau rend une feuille de stats exceptionnelle pour le club des Mauges à la fin de la rencontre. Pour sa quatrième saison pro à Cholet à 21 ans, malgré la main chaude du meneur français, le CB s’inclinait après double prolongation 114-104. Et pourtant, Rigaudeau, surnommé le Roi au cours de sa longue carrière, aurait pu être le héros en fin de match sans cette erreur d’arbitrage, un épisode sur lequel on revient quelques paragraphes plus tard dans cet article. Parlons en premier lieu de la première période.

A la suite de l’entre-deux, Cholet avait pris le match par le bon bout en menant de 16 points après 12 minutes de jeu avec un Rigaudeau qui impose son jeu et son coéquipier Olivier Allinei qui faisait sa loi en s’insérant dans la raquette adverse (27-11). Cholet conserve son avance en menant de +13 à la 15ème minute : 35-22. 4 minutes plus tard, Gravelines effectuait des changements gagnants en défense en instaurant une zone 3-2. Le BCM recolle au score 35-29 (16e minute). L’avance de Cholet fond petit à petit et ne mène plus que d’un point : 40-39. En cause, l’ailier du BCM Olivier Bourgain signe à cet instant un 100 % de réussite derrière la ligne à 3-points (4/4).

Cholet se décide alors à accélérer sur les séquences offensives en seconde période comme le prouve leurs 16 nouveaux points d’avance à moins de 5 minutes de la fin du match (76-60). Bis Repetita, les joueurs de Cholet sont désorganisés et Gravelines trouvent la faille dans la défense du CB et sèment le doute dans la tête de leurs adversaires. Résultat, un run de 24-4 accouplé à une défense tout terrain en l’espace de moins de trois minutes (84-80). Match à rebondissement !!!. Coach de Cholet, Laurent Buffard livrait ses explications sur le retour en force de son adversaire : « Leur défense tout terrain, les limites de mon effectif, l’élimination d’Olivier Allinei à la 37ème, l’obstination à vouloir servir Antoine sur les remises en jeu alors qu’Eric John est seul dans son couloir ».

RIGAUDEAU, VICTIME D’UNE ERREUR D’ARBITRAGE

Antoine Rigaudeau - Cholet (c) tc-collector.com

Antoine Rigaudeau – Cholet (c) tc-collector.com

Dès lors, mené 88-86, Rigaudeau pense donner la victoire sur un tir à 3-points victorieux en toute fin de quatrième quart-temps. Or, les arbitres ont comptabilisé le shoot de Rigaudeau qu’à 2-points. Le score évolue bien mais ce sera une égalité : 88-88. Score donc de parité à l’issue des 40 minutes du temps réglementaire. « Il est à 3-points, je le jure. Je prends mon appui derrière la ligne et quand je marque, je suis persuadé qu’on a gagné », réagissait Rigaudeau à l’issue de la rencontre. L’enfant des Mauges livrait des détails sur cette séquence à un autre média : « J’ai pris mon appel au-delà de la ligne, sûr. Quand j’ai marqué à la dernière seconde du temps réglementaire, je suis revenu vers le banc pour fêter la victoire. J’ai jeté un coup d’œil vers le score pour confirmation. Au lieu de 88-89, j’ai vu 88-88, j’ai cru à une erreur ».

De son côté, Laurent Buffard regrettait les décisions de l’arbitre principal sur cette action litigieuse de Rigaudeau : « Le pire c’est que M.Manasseiro a esquissé un geste du bras au moment du tir. Ou il était prêt à l’annoncer à 3-points, ou il voulait siffler faute. Même dans ce dernier cas, on aurait eu droit à un lancer après un panier à 2-points ». Au regard du ralenti sur ce tir de Rigaudeau, les arbitres ont bel et bien tort. Laurent Buffard est même parti se diriger vers le corps arbitral : « Les écrans de contrôle de France 3 étaient au bord du terrain. J’ai demandé  à M. Malhabiau de venir le vérifier aussitôt mais je savais que c’était peine perdue. Mais à cette période, les règlements de la FFBB n’autorisaient pas le recours à la vidéo comme c’est le cas actuellement.

BOURGAIN MAINTIENT LE BCM DANS LA PROLONGATION

Passées ces quelques minutes sur ce tir de Rigaudeau, c’était désormais place à la prolongation. Avec une dizaine d’avance à deux reprises au cours du match, le CB pouvait alors s’éviter l’« overtime ». Dans ces 5 minutes supplémentaires, Cholet menait 98-95 et semblait se diriger vers un succès. Or, une action de jeu va faire renaître le BCM. Après Rigaudeau shooteur, Rigaudeau se signale en défense en signant un contre d’une extrême importance. Il contre le tir derrière l’arc de Toupane pour Gravelines. Il reste 4 secondes dans cette prolongation, l’intérieur américain de Cholet Curtis Kitchen tente de bloquer le rebond et garder le ballon pour son équipe mais il le remet en jeu alors que le cuir semblait se diriger en sortie de touche.

Le ballon revient dans les mains de Bourgain qui ne fait pas de cadeau au CB : shoot à 3-points. Cholet ne souhaitait pas voir l’impensable se produire : le tir rentre dans l’arceau : égalité à nouveau, 98-98, le buzzer retentit. Les deux équipes sont entraînées vers une deuxième prolongation. Cholet n’est pas verni dans ce match très offensif.&

Cette fois-ci, Cholet lâche prise, ce qui profite au BCM qui sécurise sa victoire aux lancers-francs. Victoire de 10 points : 114-104 après 2 prolongations. Bourgain a répondu aux 47 points de Rigaudeau avec une ligne de stats tout aussi magnifique que l’ancien joueur de Bologne : 35 points à 7/10 à 3-points, 12/14 aux lancers-francs, 2 rebonds et 3 passes.

Cholet signait son meilleur match de championnat de la saison 92-93 d’une intensité incroyable. La différence notable dans ce match aura été l’apport du banc. Plus de la moitié des points inscrits par Gravelines venaient de leurs remplaçants (60 dont les 35 de Bourgain). A l’inverse, la second unit (comme on dit aux Etats-Unis) de Cholet n’a apporté que 3 points.

Après cette longue partie, Bourgain avait félicité ses coéquipiers pour leur travail qui lui a permis de réaliser une bonne prestation : « J’étais euphorique. Mais si j’ai pris des tirs difficiles, j’ai aussi bénéficié des écrans des pivots , des passes qui arrivaient dans le timing. C’est vrai, on a prouvé qu’on avait plus de banc qu’eux. Mais on est tout de même revenu de l’enfer ». Le match entre Cholet et Gravelines est resté dans les mémoires bien évidemment avec 2H15 de jeu, soit le match le plus long de cette saison 92-93. 100 lancers-francs ont été tirés : 52 pour le BCM et 48 pour le CB, un record.

Coach de Gravelines à cette époque, Jean Galle était ravi de ce résultat final : « Ce résultat était hyper important pour nous mais cela me fait mal pour Antoine et Cholet. Ce soir, on a réalisé un hold-up ». Dans un autre média, Galle rendait hommage à son adversaire : « Sportivement, je suis heureux de la victoire et je suis triste qu’il y ait un perdant. Je tiens à tirer un grand coup de chapeau à l’équipe de Cholet qui ne méritait pas perdre. Dommage que le nul ne soit plus d’actualité dans le basket car aucun autre résultat ne peut mieux résumer cette rencontre. Enfin on a vu aujourd’hui deux très grands joueurs : Bourgain et Rigaudeau. Leur duel à distance fut de toute beauté ». Clin d’œil au destin, Jean Galle entrainera de 95 à 97 Cholet après six saisons passées sur le banc de Gravelines (1989-1995).

Par ailleurs, on regrettera que France 3, diffuseur de ce match, ait coupé la retransmission de cette sublime rencontre avant la fin de la première prolongation. Un carton rouge a eu le mérite de s’imposer puisqu’à la place de la fin de la rencontre, un dessin animé occupait les écrans de la chaîne du service public. Malaise, incompréhension. Président de la FFBB à cette époque, Yvan Mainini avait adressé une lettre à Jean Reveillon, alors directeur des sports de France Télévisions certainement pour lui faire part de cet incident plus que malheureux.

Pour revenir à la performance somptueuse de Rigaudeau, ce n’est pas la première fois en Pro A que le joueur prenait feu aux shoots. En janvier 90, face à Villeurbanne, il avait franchi la barre des 30 points et marqué lors de 4 matchs 27 points. En novembre 92, en Coupe d’Europe, face à Ovar, il plante 35 points puis 30 en décembre 92 face à Salonique. En décembre 91, il rentre 33 unités contre Saragosse. Cholet a eu le flair de recruter ce shooteur incroyable qu’a été Rigaudeau, actuel coach du Paris-Levallois.

Citations et informations sur le match issues de la revue de presse accessible sur le site de cholet-basket.com

photo une (c) Cholet Basket

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