Jim Bilba, le gentleman défenseur

Ancien capitaine de l’équipe nationale tricolore, l’ancien ailier-fort Jim Bilba a fait les beaux jours du basket français dans les années 90 et pendant 20 ans. Formé à l’école choletaise, ses qualités athlétiques et celles en défense lui ont permis de briller dans les raquettes du championnat de France. Détails.

Découvrant le football en Guadeloupe à Pointe-à-Pitre, son lieu de naissance, Jim Bilba s’oriente vers un autre sport collectif, le basket. Initié par ses amis, à 13 ans, il imprime les règles et son apprentissage se fait progressivement : « Il fallait mettre la balle dans ce foutu panier. Un vrai cauchemar… Par défi, je suis revenu. J’étais plus grand que mes copains mais eux étaient diablement plus adroits. Certains smashaient alors qu’ils faisaient une tête de moins que moi. Et bien sûr, le dunk était le geste de référence pour se faire remarquer. Moi, je n’étais pas coordonné du tout. Je ne pouvais pas le faire avec un ballon de basket. Alors, j’ai commencé à m’entraîner avec une balle de tennis, puis avec mon petit ballon de plage et enfin avec une vraie balle orange. » (source : star story).

SON ARRIVEE A CHOLET

6 mois ont passés et « Jimbo » s’inscrit dans son premier club de basket en Guadeloupe, le Ban e Lot. Sa mère lui confirme qu’iI quittera son île natale pour rejoindre la métropole française et poser ses valises dans un club français pour répéter les gestes au basket et étaler son talent.

Entre temps, il subit une opération du ménisque en avril 1986. En juin de cette année-là, il découvre Cholet, le fameux club des Mauges au sein duquel il travaillera et progressera dans son jeu en présence de son formateur Laurent Buffard. Cholet flaire le bon coup devançant Orthez qui était intéressé par le profil de Bilba. Avec son 1m98, il joue en position d’intérieur, une rareté pour quelqu’un de sa taille, ce qu’il va l’endurcir : « J’ai appris à jouer contre des grands, plus costauds et expérimentés que moi. Il me fallait être près du panier pour marquer. J’avais peur de ne pas être à la hauteur » (source : star story).

Lors de la saison 86-87, « Trampoline », comme on avait coutume de l’appeler lors de sa longue carrière, est inscrit pour la première fois sur la feuille de match en Pro A (la N1 A à l’époque) lors d’un match à Nancy. En 87-88, il marque ses premiers points dans le championnat français à domicile face à Nantes. Le jeune guadeloupéen brille avec l’équipe espoirs de Cholet en remportant deux fois le titre de champion de France en 1988 et 1989. C’est cette année d’ailleurs qu’il sera élu MVP espoir de N1A par Maxi Basket.

FORT DEFENSEUR, TRAVAIL AUX SHOOTS
Jim Bilba – Cholet Basket (c) cholet-basket.com

A défaut de briller au shoot, il fait de la défense son meilleur atout et devient une pièce maitresse dans ce secteur pour l’équipe choletaise coachée par Jean Galle entre 1987 et 1989. Excellent dans le placement, doté d’une bonne détente, il se régale alors à contrer les tirs de ses adversaires et les gêner dans la peinture. Aux entraînements, Bilba sait aussi qu’il doit travailler son shoot, enchaînant alors les séances de tirs. En plus de son coté explosif avec réalisation de dunks, il se dotera d’un très bon tir à mi-distance.

Très en vue dans le championnat de France, le profil de Bilba ne passe pas inaperçu aux yeux du sélectionneur national de l’époque. Francis Jordane, à la tête de l’équipe de France de 88 à 93 convoque le jeune guadeloupéen pour constituer sa défense tricolore. En 1989, Bilba apprend sa toute première sélection chez les tricolores seniors. Il sera appelé chez les bleus 169 fois de plus entre 1989 et 2001 avec une magnifique médaille d’argent autour du coup lors des Jeux Olympiques de Sydney en 2000.

LIMOGES ET LE TITRE EN EUROLIGUE

Après six ans passés à Cholet, Bilba change de club en 1992 et rejoint le CSP Limoges pour remplacer Stéphane Ostrowski qui lui rejoint les rangs d’Antibes. Coachée par Bozidar Majkovic et entouré d’excellents joueurs comme Richard Dacoury, Michael Young, Bilba prouve qu’il est un défenseur coriace malgré son déficit de taille face aux big men européens : Arvydas Sabonis, Panagiotis Fasoulas, Dino Radja. Bilba, en mode guerrier. Pour une première saison avec le club phare du Limousin, à Athènes, Bilba livre une belle bataille sur le terrain en finale de l’Euroligue face au club italien du Benetton Trevise de Toni Kukoc et Terry Teagle : 15 points (5/6 aux tirs, 5/6 aux lancers-francs), 8 rebonds, 2 interceptions .

En avril 2013, pour Sport24.com, Bilba était revenu sur le déroulement de cette finale étriqué après que Limoges ait été mené de six points à la pause (28-22) : Je pense qu’on était un peu crispé par l’enjeu et on n’était pas en réussite. Mais il n’y avait effectivement que deux possessions d’écart à la mi-temps. Qu’est ce que c’est que deux possessions ? Surtout qu’on jouait de façon très moyenne… Boja (Majkovic, le coach) nous a donc dit de nous lâcher, d’être confiant et de tout donner. C’est ce qu’on a fait. Ça n’a pas été simple. Mais on a grignoté des points ici ou là, fait des stops, et on a relancé la machine. Mike (Michael Young) a retrouvé l’adresse, il y a eu l’interception de Fred (Forte) et on était au nirvana ».

UNE BLESSURE A L’ASVEL
Jim Bilba – Asvel Villeurbanne (c) Basket News

Bilba aura porté les couleurs de Limoges pendant 4 ans avec 2 titres de champion de France (1993, 1994), 3 coupes de France (1994, 1995, 1996), et une autre participation au Final Four en Euroligue en 1995 à Saragosse. En 1996, il quitte le Limousin pour rejoindre le Rhône-Alpes en signant à l’ASVEL Villeurbanne. Pour sa première saison avec le club rhodanien, Bilba découvre le Final Four de l’Euroligue en 1997. Si l’ASVEL réussit à battre l’Efes Pilsen Istanbul 62-57 lors du match 3 décisif, Bilba sera blessé au pouce en brisant une porte vitrée suite à des jets de projectiles lancées par les supporters du club turc. Résultat, rupture du ligament du pouce qui le prive d’une participation au Final Four. A plusieurs reprises avec Villeurbanne, avec le meneur US Delaney Rudd et le coach Gregor Beugnot, il peut ajouter plusieurs lignes à son palmarès sur le plan national. Mais il perdra avec l’Asvel quatre finales de Pro A (1997, 1999, 2000 et 2001). Tout de même, il gagnera une autre Coupe de France en 2001.

RETOUR A CHOLET, FIN DE CARRIERE ET COACHING

Après avoir porté trois maillots de Pro A, Bilba part ensuite tenter deux expériences à l’étranger qui s‘avère infructueuses : à l’AEK Athènes en 2001-2002 (champion de Grèce toutefois) et Vitoria au milieu de cette même saison. A 34 ans, il retourne dans son club formateur à Cholet en 2002.  En 2007, à 39 ans, il range ses baskets aux placards et met un terme à sa carrière de joueur après avoir été sélectionné 12 fois de suite au All-Star Game LNB entre 1990 et 2001 dont deux titres de MVP en 1993 et 2000.

Comme d’autres avant lui, il passe de l’autre côté de la barrière. Après avoir été coaché, c’est à son tour de donner des conseils aux joueurs en devenant assistant d’Erman Kunter à Cholet de 2008 à 2011. En septembre 2014, il occupe les mêmes fonctions au sein d’un club qu’il a bien connu couronné de succès : le CSP Limoges.

Portrait en vidéo de Jim Bilba


Légendes du basket français – Jim Bilba par FFBB

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

You cannot copy content of this page

WP Twitter Auto Publish Powered By : XYZScripts.com