Elvin Hayes : The Bionic Man, le grand scoreur et rebondeur des années 70
Elvin Hayes a été l’un des attaquants les plus talentueux de l’histoire de la NBA dans les années 70. Surnommé The Bionic Man, il s’est distingué avec son turnaround jumper et sa défense très agressive. Moins ronflant que d’autres, son nom figure dans les pages d’histoire de la NBA.
Il a disputé un total de 1303 matchs dans la Grande Ligue. Il peut se targuer de n’avoir manqué que neuf matchs de saison régulière en 16 ans de carrière, preuve de sa longévité et de sa condition physique.
Sélectionné au All-Star Game lors de ses 12 premières saisons, l’ancien joueur universitaire des Houston Cougars fait partie des plus grands scoreurs de la NBA (27 313 points) et rebondeurs (16 279 prises) et ceux ayant passé le plus grand nombre de minutes sur les parquets nord-américains (50 000).
Elvin Hayes est drafté en première position en 1968 par les San Diego Rockets (franchise renommée par la suite Houston Rockets). Pour sa première saison NBA avec les couleurs de la franchise californienne, il signe un double-double de moyenne impressionnant à 23 ans : 28,4 points et 17,1 rebonds en 82 matchs.
Avec des statistiques brillantes, le pivot finira meilleur scoreur de NBA et quatrième top rebondeur. Il finira deuxième au classement du meilleur rookie de la saison. Le lauréat étant l’interieur des Bullets de Baltimore Wes Unseld.
The Big E a également établi un record de minutes jouées en une saison (3 695), avec une moyenne de 45,1 lors de sa première saison. Les Rockets, qui avaient connu une saison 1967-1968 avec un bilan désastreux de 15 victoires et 67 défaites ont bien réagi avec l’arrivée de Hayes. Ses performances en NCAA avec les Houston Cougars ne passaient pas inaperçues. Les San Diego Rockets, qui se préparaient à entamer leur deuxième saison de son histoire, mise sur le pivot en le sélectionnant en première position de la draft NBA de 1968.
Les fusées de San Diego affichent alors un meilleur bilan, bien que négatif. Avec 37 victoires et 45 défaites, la franchise californienne se qualifient pour les playoffs.
La saison suivante, Hayes a terminé troisième scoreur avec 27,5 points de moyenne, et été meilleur rebondeur de la NBA avec 16,9 prises, mais l’équipe de San Diego a eu du mal à s’en sortir. Après 26 matchs joués, l’entraîneur Jack McMahon est remplacé par Alex Hannum. Hayes et Hannum n’ont jamais été d’accord et le club s’est retrouvé à la dernière place de la division Ouest avec un bilan de 27 victoires et 55 revers.
En 1970-71, Hayes atteint sa meilleur moyenne de points en carrière, avec 28,7 points par match, et se classe troisième meilleur rebondeur (16,6 points par match). Les Rockets affichent un bilan de 40-42, mais ratent la qualification pour les playoffs d’un match. Hayes étant le pilier de l’équipe, les journalistes sportifs locaux l’accusent d’être à l’origine de la baisse de régime des Rockets. Cette critique ne lui convient pas.
Avant la saison 1971-72, la franchise de San Diego plie bagage et déménage à Houston. Hayes fait son retour dans cette ville du Texas où les fans se souviennent encore de ses prestations lors de ses années universitaires. Ce déménagement coïncide avec le recrutement d’un nouvel entraîneur, Tex Winter. Mais Hayes n’est pas sur la même longueur d’onde que le coach. Hayes, mécontent, affiche une moyenne de 25,2 points par match, soit la place de 10ème meilleur scoreur de la NBA. Les Rockets manquent les playoffs pour la troisième année de suite. Peu après la fin de la saison. Hayes ne portera plus le maillot des Rockets, Houston transfère Hayes aux Bullets de Baltimore contre Jack Marin.
CHAMPION NBA EN 1978 AVEC LES BULLETS
A Baltimore, l’entraîneur Gene Shue fait jouer Wes Unseld au poste de pivot et décale Hayes au poste d’ailier-fort, un poste où il performe et pouvait tirer le meilleur parti de ses talents de scoreur et de rebondeur de The Big E. Hayes se réjouit de ce changement et affiche une moyenne de 21,2 points par match en 1972-1973, permettant à Baltimore à soulever le titre de la division Centrale. Son équipe se qualifie pour les playoffs mais s’incline au premier tour face aux New York Knicks.
Six ans plus tard, c’est la consécration. Elvin Hayes devient champion NBA le 7 juin 1988 avec les Bullets qui ont déménagé entre temps de Baltimore à Washington.
Lors de la saison 1977-78, la franchise de la capitale américaine affichent un modeste bilan de 44-38. Les Bullets prennent feu en playoffs en éliminant successivement les Hawks, les Spurs et les Sixers. Ils se qualifient pour les finales de la NBA contre les SuperSonics de Seattle.
Seattle et Washington gagnent trois victoires chacune lors des six premières manches sans que l’une et l’autre ne fassent le break. Pour les départager et déterminer le vainqueur : un match 7 sur le parquet de Seattle. C’est la troisième fois alors, en seulement 12 finales NBA qui se sont déroulées au meilleur des sept matchs, que l’équipe visiteuse s’est imposée à l’extérieur. Les Bullets glanent le titre grâce à sa victoire : 105 à 99. Lors de cette campagne de playoffs, Elvin Hayes a enregistré une moyenne de 21,8 points par match. The Bionic Man marque 12 points et prend 7 rebonds dans le game 7.
Pas épargné par les critiques, Hayes pouvait enfin faire taire ses détracteurs en déclarant : “personne ne pourra plus jamais dire que E n’est pas un champion”.
Après neuf saisons passées aux Bullets, à 36 ans, Hayes est à nouveau transféré et retourne aux Houston Rockets. Il jouera trois ans de plus dans la franchise texane (1981-1984).
Au terme de sa 16ème saison NBA (1983-1984), The Big E prend sa retraite. En 1303 matchs de saison régulière, le pivot termine avec des moyennes de 21 points, 12,5 rebonds et 2 contres. Il signe sa meilleure perf offensive avec 54 points le 13 novembre 1968 contre les Detroit Pistons.
Si Hayes jouissait d’une énorme côte de popularité auprès des supporters, qui appréciait son style de jeu dominant ainsi que sa personnalité en dehors du terrain, ce n’était pas le cas vis-à-vis de ses entraîneurs et coéquipiers. Ses détracteurs estimaient qu’il avait un problème d’attitude qui court-circuitait parfois les équipes pour lesquelles il jouait, faisant ressortir sa personnalité de Jekyll et Hyde.
DE LA MALADRESSE A L’ADRESSE
Multipliant les bonnes performances offensives en NBA, Hayes a dû beaucoup travailler pour améliorer son adresse face au cercle. De nature calme et introverti, Hayes a fait rebondi un ballon de basket pour la première fois quand il était en classe de 4ème, par accident, dans un établissement scolaire en Louisiane à Rayville.
Accusé à tort d’avoir fait une farce en classe, il est envoyé dans le bureau du principal. Un autre professeur, le révérend Calvin, a vu Hayes et lui a dit qu’il était le bienvenu dans sa classe.
Le jeune Hayes n’a pas d’attrait particulier pour le sport, Calvin pense qu’il gagnerait à jouer au basket-ball et l’inscrit dans l’équipe de l’école. Mais Hayes se montre maladroit avec ses tentatives de shoots et de dribble subissant alors les moqueries de ses camarades.
Hayes fait preuve de détermination et travaille pour améliorer son jeu d’attaque pendant l’été en s’entraînant de longues heures. En classe de troisième, alors qu’il mesurait 1,80 m, il était sur le banc de touche de l’équipe junior de la Britton High School alors que lui visait une place de titulaire dans le 5 de départ. “J’étais alors trop faible pour fait des turnaround jumpshot, se souvient Hayes. “Alors tout l’été, j’ai shooté avec une petite balle en caoutchouc sur un panier dans ma cour. Mon développement s’est fait presque du jour au lendemain”.
Lors de sa dernière année, en 1963-64, Hayes a mené Britton au championnat d’État, en délivrant une moyenne de 35 points pendant la saison régulière. Lors de la finale du championnat, il a marqué 45 points et pris 20 rebonds.
Pour Hayes, le basket-ball fut un moyen de sortir de la pauvreté de Rayville, la ville de naissance en Louisiane dans laquelle il grandit. Il n’hésite pas a accepter l’invitation de l’université de Houston pour devenir l’un des premiers athlètes afro-américains de la faculté. Le pivot affirme que ses entraîneurs ont été les premiers blancs qu’il ait jamais rencontrés à le traiter avec respect. « Ils m’ont aidé à surmonter 18 années de haine », atteste-il.
Ayant grandi dans une ville ségrégationniste du sud, Hayes était très méfiant lorsqu’il est entré à l’université. Mais comme il était l’un des 100 Afro-Américains d’une école de 20 000 élèves, il a dû s’adapter, et l’entraîneur de Houston, Guy Lewis, l’a aidé. Il prend le joueur sous son aile, l’emmène chez lui pour les repas et fait de lui un membre à part entière de sa famille. La pression sur l’épaule de Hayes commence à s’atténuer.
Il évoluera trois saisons avec les Houston Cougars pour des moyennes splendides, avant d’accomplir sa somptueuse carrière en NBA : 31 points, 17,2 rebonds en 91 matchs de NCAA.
photo une (c) Getty Images
Les highlights d’Elvin Hayes en images