France : l’extraordinaire quadruple-double signé Derrick Lewis avec Reims
Rarissime : le 24 février 1990, sous les couleurs de Reims, l’américain Derrick Lewis s’est sublimé lors d’une rencontre du championnat de France de Pro A avec le club champenois. Il signe la plus belle performance face à Lorient ce soir-là avec un quadruple-double de folie : 20 points, 11 rebonds, 12 interceptions et 10 contres.
Après quatre années passées à l’université du Maryland, Derrick Lewis quitte les Etats-Unis pour rejoindre la France et le club de Reims en 1989. Naturalisé français, lors de la saison 1990-1991, le joueur américain, âgé alors de 24 ans, va enflammer le parquet sous le maillot rémois au poste d’ailier-fort le 24 février 1990.
Face à l’équipe de Lorient de Derrick Pope et de Phil Lockett, Lewis, omniprésent des deux côtés du terrain termine la rencontre avec une ligne de statistiques ahurissantes ponctuée par un gigantesque quadruple-double : 20 points, 11 rebonds, 12 interceptions et 10 contres.
Réputé pour ses qualités de contreurs (meilleur contreur de Pro A : en 1990 et 1991 avec Reims, en 1994 avec Mulhouse, et trois fois avec Nancy en 1996, 1997 et 1998 ), les joueurs de Lorient ont pu s’en apercevoir ce soir de février. Son coach à Reims, Ernie Signars n’en revenait pas du match accompli par Lewis « Mon dieu. Ce gars a fait un match de folie ».
Logiquement, Derrick Lewis rentre dans l’histoire de la Pro A. Le franco-américain reste à ce jour le seul joueur du championnat français à avoir réalisé une telle performance de haute volée. Grâce à ce quadruple-double, il détient aussi le record du plus grand nombre de contres et d’interceptions (10 unités chacun). La performance de Lewis est d’autant plus belle que Reims a battu facilement le club lorientais sur le score de 103 à 86 à domicile.
UN QUADRUPLE-DOUBLE VALIDE QUI A SOULEVÉ DES INTERROGATIONS
Selon un article de Basket News, on apprend que depuis 1982, le magazine Maxi Basket enregistrait les statistiques des joueurs et des matchs. C’est en 1988 que les interceptions sont comptabilisées. Lors de la saison 1990-1991, IBM informatise les stats des matchs de basket. Auparavant, les statistiques étaient gérées manuellement par des statisticiens. Crayon en main, ils ajoutaient des barres dans des cases pour comptabiliser chaque unité dans une catégorie statistique. Un sacré travail de repérage et de vision.
Les informations étaient ensuite transmises à la rédaction de Maxi Basket. Franck Ostré, un des chargés de stats du club de Reims Champagne Basket déclarait pour Basket News : « Durant cette rencontre, Derrick enchaîna plusieurs fois des actions de contre suivi d’une interception parfois sans que le ballon ne rebondisse sur le sol. Il déviait le tir et dans sa course, il récupérait la balle. On a compté les deux. De plus, Derrick intercepta souvent le ballon sur des relations de passe extérieur-intérieur en glissant, au moment de la passe, devant le joueur.
LEWIS : « CA, JE CROIS QUE C’EST UNE ERREUR. CA N’EST PAS POSSIBLE »
Or, un point de règlement issu d’une source du basket américain détermine bien qu’une interception n’est pas considérée comme étant une balle récupérée sur un contre, ni une balle gagnée par règle des cinq secondes ou des trente secondes. On comprend alors que le nombre de contres et d’interceptions de Lewis ont été compté en trop. Lewis, le principal intéressé était revenu sur ce match mémorable avec étonnement lorsqu’il apprend la validation de son quadruple-double: « Je sais que j’ai fait beaucoup de contres. Mais douze interceptions quand même. A mon avis, j’ai dû à cinq ou six fois contrer la balle en l’air, les statisticiens ont compté à la fois contre et interception. Enfin bon, c’est comme ça. Dans une autre interview accordée à un média, il ne changeait pas d’avis à ce sujet et restait sur sa positon « Ca, je crois que c’est une erreur. Ca n’est pas possible ». (source Basket News).
En tout cas, Derrick Lewis a marqué l’esprit lors de sa longue carrière en France. Après trois bonnes saisons avec Reims (1989-1990 : 15,6 pts et 8,1 rbds de moyenne ; 1990-1991 : 15,2 pts et 9,8 rbds de moyenne ; 1991-1992 : 13 pts et 6,6 rbds de moyenne), il jouera ensuite pour Nancy pendant 7 saisons. Avec le club lorrain, il a terminé deux fois d’affilée meilleur rebondeur lors de la saison 1996-1997 et 1997-1998 (8,6 prises de moyenne sur ces deux saisons). Chez les Lewis, on connait aussi bien Carl qui performait aux 100 mètres et en saut en hauteur que Derrick en basket, bien que ces deux ex-sportifs professionnel n’ont aucun lien de parenté.
Derrick Lewis est désormais entraineur de basket pour des jeunes joueurs via son école de basket qui porte son nom : derricklewisbasketball.com
SON PARCOURS
- Université de Maryland Terrapins (1984-1988)
- Reims en Nationale 1 A (1989-1992)
- Saint-Brieuc en Nationale A 2 (1992-1993)
- Mulhouse en Pro B (1993-1994)
- Nancy en Pro A (1994-2001)
- Pau-Orthez en Pro A (2001-2002)
- Le Havre en Pro A (2002-2004)
SON PALMARÈS
- Meilleur rebondeur français du championnat en 1997 et 1998
- Vainqueur de la Coupe de France en 2002
- All-Star en 1996 et 1998
- Recordman d’interceptions sur un match de Pro A (12 contre Lorient le 24 février 1990)
- Recordman de contres sur un match de Pro A (10 contres vs Lorient le 24 février 1990)
- Seul joueur à avoir réussi un quadruple-double (20 pts, 11 rbds, 12 ints et 10 cts) au cours d’un match de Pro A (contre Lorient le 24 février 1990)